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une pub du média français spicee s’amuse de la violence policière envers les noirs
Une des publicités du média en ligne français Spicee annonce avec sarcasme: “Cette semaine, j’ai tiré sur aucun black dans la rue. J’étais trop occupé à regarder des documentaires sur spicee.com. – Stanley Aldridge, policier américain”.
Ce “sarcasme” a heurté certains internautes, en particulier des noirs, qui trouvent déplacé de faire du marketing et de vendre un produit en s’amusant du racisme qu’ils subissent au quotidien.
Sur la défensive, le média accuse les personnes qui dénoncent la publicité de vouloir le censurer. Pourtant, il ne semble pas s’agir de les censurer, mais de leur faire remarquer les implications de leur publicité:
Spicee a évidemment le droit de publier cette pub, et des noirs, premiers concernés par la violence qui fait l’objet de leur “blague”, ont le droit de trouver que le simple fait de vouloir s’amuser de cette violence dans le cadre d’une opération marketing est malvenu – au mieux (et au pire peut être révélateur d’une dévalorisation, même inconsciente, de la vie des noirs).
Pour comprendre cette position, le contexte est très important: les dynamiques de domination, le privilège, l’auteur de la pub (Spicee), l’accumulation de micro et macro agressions racistes au quotidien, etc. Ne pas prendre en compte le contexte et répondre “nous sommes tous des êtres humains” (voir captures d’écran ci-dessous) révèle un manque de compréhension de ces dynamiques de la part de Spicee. On peut faire des erreurs, même avec toute la bonne foi et les meilleurs intentions du monde, et certains pensent qu’il pourrait être juducieux de garder une certaine humilité quand des populations qui subissent le racisme sont heurtées par un comportement. L’humilité aurait peut-être permis au modérateur Twitter de Spicee de comprendre que ce n’est pas à lui ou elle d’expliquer à des noirs ce qui doit ou ne doit pas les heurter. Et que répondre de manière désobligeante et arrogante (exemple: remettre en question l’intelligence des internautes, leur dire de se clamer – voir captures d’écran ci-dessous) ne fait qu’aggraver le problème.
Finalement, le ton de leurs réponses peut être perçu comme étant encore plus problématique que la publicité en question.
Pour l’instant, il semble n’y avoir aucune remise en question chez Spicee.
Certains considèrent néanmoins que la liberté d’expression vient avec des responsabilités et ne met personne au-dessus de toute critique.
Accuser les critiques d’être des “censeurs” semble être un cas typique de ce que certains afro-américains appellent les “white tears”, une référence aux situations dans lesquelles des blancs mis face à leur privilège réagissent en se faisant passer pour des victimes et utilisent l’excuse qui consiste à dire “je ne vois pas la couleur, nous sommes tous des êtres humains, etc.” (c’est tellement “pratique” de ne pas voir la couleur pour certains…).
Au risque de nous répéter: Spicee a le droit de faire de l’humour sur les morts noirs (oui, il s’agit bien de morts tués spécifiquement parce qu’ils sont “noirs”), et des noirs ont le droit de leur signaler que cet humour n’est pas anodin dans le contexte actuel.
Cela ne remet absolument pas en cause leur liberté d’expression. Nous avons contacté Spicee à ce sujet mais n’avons pas encore reçu de réponse.
– L.
Merci à Binetou Gassama Sylla pour les captures d’écran
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