AFROPUNK en Français

mais où sont donc passés les noirs d’argentine?

July 23, 2018
54 Picks

Lorsque l’on regarde l’équipe nationale de football argentine, on a du mal à s’imaginer que ce pays avait une large partie de sa population originaire du continent africain. Nofi vous propose de comprendre comment l’Argentine qui a pourtant participé à la traite négrière transatlantique et à l’esclavage, a l’une des plus faibles populations afro-descendantes du “Nouveau Monde”.


Afin de coloniser les Amériques au 15ème siècle, les colons européens mirent au point diverses formes d’exploitation, comme par exemple le travail forcé des populations amérindiennes locales. Cependant, cette solution s’avéra inefficace du fait :

de la résistance de certains groupes amérindien à l’acculturation,
du taux élevé de mortalité causé par le type de travail,
des maladies introduites par les Européens.

C’est ce qui a poussé les colons espagnols à déporter des africains sub-sahariens aux Amériques afin de les réduire en esclavages. En ce qui concerne l’Argentine, la déportation d’hommes et de femmes noirs a débuté dans les colonies du Rio de la Plata en 1588. La traite négrière a prospéré dans le port de Buenos Aires lorsque la ville a permis aux commerçants anglais d’y importer des esclaves.

Avant le 16ème siècle, les africains arrivaient en nombre relativement faible des îles du Cap-Vert. Par la suite, la majorité des Africains amenés en Argentine appartenaient à des groupes ethniques parlant des langues dite bantoues, des territoires comprenant l’Angola, la République démocratique du Congo et la République du Congo actuelles.

On estime à 12 millions le nombre d’esclaves africains déportés en Amérique latine, arrivant principalement aux ports de Buenos Aires et de Montevideo. Les esclaves travaillaient dans l’agriculture, l’élevage, etc. De plus, dans les zones urbaines, beaucoup d’esclaves confectionnaient des objets artisanaux qu’ils vendaient au profit de leur maître. Le quartier de San Telmo et Monserrat à Buenos Aires abritaient une grande population d’esclaves, bien que la plupart ait été envoyé dans les provinces de l’intérieur du pays, là où la production agricole était la plus importante. Une partie importante de la population africaine a également habité d’autres provinces.

En 1806-1807, la ville de Buenos Aires comptait :

En 1810, la ville de Buenos Aires comptait :

La zone la plus densément peuplée par les Africains était située dans le quartier de Monserrat, également connu sous le nom Barrio del Tambor, à quelques pâtés de maisons du palais du Congrès. Au fil des années, la population Africaine d’Argentine diminua drastiquement. Il existe à ce sujet plusieurs théories :

Les Afro-argentins formaient une partie sur-disproportionnée de l’armée nationale, notamment durant la guerre du Paraguay (1865-1870). Au cours de celle-ci, les pertes humaines furent élevées de part et d’autre. Ce fut l’hécatombe parmi les Noirs dont les très nombreuses morts conduisirent à un large déséquilibre entre hommes et femme parmi la population africaine. De ce fait, les femmes Noires durent établir de plus en plus de relations avec des hommes Blancs.

Le président argentin Domingo Sarmiento aurait cherché à “génocider” tous les Noirs du pays à travers des politiques oppressives. Celles-ci comprenaient l’enroulement forcé des Noirs dans l’armée, le confinement dans des quartiers où l’absence de soins de santé décents entraînait des épidémies, les exécutions massives. Ces massacres de masse peuvent ne pas avoir été rapportés, car ils sont similaires au nettoyage ethnique des populations autochtones en Patagonie sanctionné par le gouvernement argentin.

Les épidémies, notamment la fièvre jaune de 1871 auraient eu un plus grand impact dans les zones où vivaient les personnes les plus pauvres.

Cette épuration ethnique et systémique des Africains d’Argentine fit chuter leur population à 149 493, selon le recensement de 2010.

L’immigration européenne massive 1880 et 1950, stimulée par la Constitution de 1853, qui multiplia rapidement la population (blanche) du pays. Cela accentua le départ massif des Noirs vers l’Uruguay et le Brésil, où ils se sentaient moins mal traités.

Un Afro-Argentin avait moins de chance de survie s’il était libre que s’il était asservi. En effet, les esclaves étaient considérés comme des investissements et pris en charge, tandis que les Afro-Argentins libres avaient des emplois subalternes mal payés ou étaient forcés de devenir mendiants. Cela entraîna beaucoup de pauvreté dans la communauté afro-argentine

Related